La reconnaissance publique par Kim Jong-un de la gravité de la situation alimentaire en Corée du Nord est une alarme à ne pas sous-estimer. Le chef de l'Etat de Pyongyang a évoqué une situation très difficile pour l'approvisionnement alimentaire, aggravée par le non-respect du plan de production dans l'agriculture, également en raison de dommages dus aux problèmes environnementaux et climatiques. La production agricole est considérée comme essentielle non seulement pour faire face à la situation déjà difficile du pays mais aussi pour tenter de surmonter l'urgence liée à la pandémie ; en effet, même si, officiellement, le pays nord-coréen n'a pas été touché par le covid, la situation de malnutrition sévère et avec un secteur de la santé pas à la hauteur, on pense que les victimes de la pandémie et aussi le secteur de production défaillant du pays un état de fait déjà en grave crise. Selon les estimations, la Corée du Nord compte environ dix millions, sur environ vingt-cinq, de sa population souffrant de malnutrition et cela affecte la vie du pays et la capacité de production déjà compromise. Pyongyang souffre d'un état de retard de ses structures de production, qui l'empêche de sortir de la crise, auquel il faut ajouter les sanctions nucléaires, qui ont mis à rude épreuve la capacité de survie de classes sociales entières. Selon les Nations Unies, la fermeture des frontières aurait fait augmenter les prix des produits de base de façon exponentielle et la non-autosuffisance alimentaire du pays aurait produit un état de famine sévère. La pénurie alimentaire a encore été aggravée par des facteurs climatiques contingents tels que les typhons et les fortes pluies des derniers mois d'août et de septembre. Le tableau général est cependant incomplet en raison du peu d'accès à l'information que le régime détermine et du peu de données disponibles proviennent de certaines organisations humanitaires qui y ont de toute façon accès de manière partielle. Le fait que Kim Jong-un ait dénoncé publiquement la situation peut avoir plusieurs significations, dont l'une est incontestable : la situation dans le pays est certainement très grave. Le dirigeant coréen a peut-être admis la gravité de la crise pour espérer un assouplissement des sanctions ou pour préparer le terrain à une demande d'aide adressée d'abord à la Chine, seul allié du pays, mais aussi aux Etats-Unis. Biden n'a pas encore abordé le problème des relations avec la Corée du Nord et une forme d'aide pour contenir la crise alimentaire pourrait constituer un point de départ pour la reprise des relations bilatérales, cependant Kim Jong-un s'est habitué aux attitudes contradictoires et à la reconnaissance publique de l'état de crise alimentaire pourrait également être utilisé pour blâmer la partie de la communauté internationale responsable des sanctions. Dans cette perspective, la reprise des menaces nucléaires et les lancements d'essais de missiles intercontinentaux pourraient prendre, dans l'esprit du dictateur, de nouvelles formes de chantage pour obtenir des avantages. Du point de vue de la politique intérieure, malgré la crise grave, un soulèvement populaire capable de renverser le régime ne semble pas possible : le contrôle est trop intense et la population est trop faible et épuisée pour faire face à une révolte, aussi parce que tout soutien extérieur est tout à fait impossible. L'aide pourrait venir sous forme de ravitaillement de la Corée du Sud, qui pourrait craindre un afflux massif vers ses frontières, une éventualité également redoutée par la Chine, qui n'aime pas la création de camps de réfugiés sur son territoire. Pour l'instant, pour Pékin, l'intérêt que le régime de Kim Jong-un reste au pouvoir prévaut afin d'éviter une union des deux Corées qui ne pourrait se concrétiser que sous Séoul et qui ferait entrer le pays uni dans l'orbite américaine. La solution la plus logique devrait donc être l'arrivée d'aides de Pékin, en quantité suffisante pour éviter la crise mais pas pour relancer le pays dans son ensemble, pour garder la maîtrise de la possibilité de remplacer le régime par un gouvernement de plus en plus favorable à la Chine, mais plus contrôlable. Dans la confrontation entre Pékin et Washington, tous les points en faveur doivent être maintenus et la Corée du Nord pourrait devenir stratégique pour la Chine si Pékin était en mesure de contrôler pleinement ses mouvements.
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