Les exercices militaires entre l'Ukraine, les États-Unis et l'Alliance atlantique risquent de remettre en cause la période de calme, quoique instable, entre Moscou et Washington. La détente qui a suivi le sommet Poutine-Biden, qui s'est tenu le mois dernier, commence à n'être plus qu'un souvenir. Le Kremlin, en effet, perçoit les manœuvres militaires conjointes comme un affront et une menace précisément parce qu'elles sont menées dans une zone que la Russie considère comme son influence exclusive. Bien entendu, cela implique aussi des raisons de politique internationale, qui concernent l'attitude expansionniste des Etats-Unis en Ukraine : la raison fondamentale est que Moscou refuse d'avoir des troupes de l'Alliance atlantique à ses frontières, ce qui est aussi la raison pour laquelle elle a toujours rejeté la possibilité de l'entrée de Kiev à la fois dans l'Union européenne et dans l'Alliance atlantique elle-même. Si à l'opposition à un accord avec Bruxelles il y a aussi des raisons économiques, l'aversion à rejoindre l'Alliance atlantique se justifie par la crainte de ne plus avoir d'espace physique entre les garnisons occidentales et celles de Moscou, avec des menaces potentielles évidentes de proximité, notamment du type missile, qui exposerait le pays russe à une menace constante des Etats-Unis ; cette vision est de moyen terme, alors qu'à court terme le besoin fonctionnel des intérêts russes est qu'il n'y ait pas d'alliés du pays ukrainien dans les territoires disputés avec Moscou, où les combats se poursuivent, capables de renverser le sort du conflit. Les chiffres utilisés disent que Moscou n'a pas tort de craindre ces manœuvres militaires et aussi de les interpréter comme une menace pour la Russie : en effet en 2019, derniers exercices effectués avant la pandémie, les pays participants étaient 19 contre 32 actuellement et le les navires soldats employés sont passés de 32 à 40. Cette augmentation est sans doute due à la capacité de Biden à agréger les pays alliés et à avoir pu focaliser l'Ukraine comme un point d'intérêt général pour l'Alliance atlantique ; en cela, Moscou a eu raison de préférer Trump comme locataire de la Maison Blanche et de s'engager à être réélu. Au-delà des implications politiques, le véritable objectif de ces exercices est de fournir une formation adéquate aux militaires ukrainiens concernant les méthodes et méthodes de combat de l'Alliance atlantique et cela semble préparatoire à une entrée dans l'alliance occidentale plus ou moins officielle, mais en en tout cas avec l'intention d'intégrer les forces armées ukrainiennes à celles de l'Alliance atlantique, même si, en fait, ces exercices ont lieu depuis 1997, mais ont acquis une plus grande importance après l'annexion du territoire ukrainien de Crimée à la Russie, d'une manière condamnée par une grande partie de la communauté internationale. Le fait que les États-Unis soient le principal bailleur de fonds des manœuvres militaires doit être associé à la volonté qu'offre l'Ukraine d'utiliser son territoire comme base logistique et à la possibilité d'accéder à des forces étrangères en son sein. Les griefs russes étaient de nature militaire et géopolitique et proches de l'affrontement lorsqu'un navire anglais a été accusé d'avoir violé la frontière des eaux territoriales de Crimée et donc de la Russie, les forces de Moscou ouvrant le feu sur le navire de l'Alliance atlantique. , premier épisode du genre depuis la fin de la guerre froide. On comprend comment cet état de choses peut favoriser des accidents qui peuvent dégénérer en situations beaucoup plus lourdes ; paradoxalement, les scénarios possibles, dans cette phase historique, semblent bien plus dangereux qu'à l'époque de la guerre froide qui reposait sur l'équilibre de la terreur et où chacun des deux prétendants avait des champs bien définis, qui n'auraient jamais pu être dépassé. Au contraire, la forte précarité de l'équilibre actuel semble favoriser une série de conflits de faible intensité potentielle, mais qui peuvent déclencher des situations bien pires. L'un des dangers est que la Russie apparaît isolée, notamment de Pékin, qui ne pourrait apporter une aide que si elle est fonctionnelle à ses intérêts et en tout cas pas de manière égale, mais de manière à mettre Moscou dans un rôle subalterne, cet aspect de l'isolement russe risque d'augmenter à Moscou des actions militaires qui ne sont pas classiques, mais qui sont désormais entrées dans la pratique moderne : l'activisme des hackers russes constitue en effet un nouveau champ de bataille non conventionnel, qui risque cependant d'impliquer des armes classiques : un danger supplémentaire de une nation acculée qui ne peut plus exercer son rôle de premier pouvoir auquel elle n'a pas renoncé.
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